Q de Job est déménagé!

nbertrand.ca

27 avril 2010

Y sous 3 angles

Il y a plusieurs méthodes efficaces pour décrire des notions nouvelles et dérangeantes, comme celle de la génération Y, par exemple. Parmi toutes, j'ai retenu 3 manières qui m'ont interpelée. Une anecdote bien concrète, une citation des concernés et une phrase éloquente, d'un brillant observateur. Voici donc les Y sous 3 angles, parmi d'autres.

Anecdote.
L'histoire se passe en firme de relations publiques. La structure est simple, Marie la nouvelle conseillère principale, un ou deux conseillers seniors, et bien sûr, plusieurs apprentis. Jeunes, allumés et heureux de venir montrer de quoi ils sont capables. Rappel : prémisse de Y, pas là pour obéir docilement, là pour nous dépasser ou minimalement, nous shaker. Voilà donc la manière avec laquelle ils abordent Marie, ambitieuse et performante génération X, qui ne comprend rien à cette assurance, qu'elle associe d'abord à de la sale arrogance.

Les premiers mois de Marie avec sa gang sont à la fois agréables et pénibles. Bien qu'elle apprécie leur énergie et leur curiosité, elle n'en peut plus de se battre pour assurer SON minimum de productivité. Devoir les convaincre des procédures et de la marche à suivre quand vient le temps d'envoyer un communiqué de presse et d'assurer le suivi auprès des journalistes, lui semble surréel. Une marche dans le désert dont elle se passerait, rien à voir avec l'école d'où elle vient.

Un beau matin, Marie a cessé de se battre. Elle a donc mieux observé. Le recul permet de voir, on le sait bien. C'est à ce moment qu'elle a décidé de prendre un risque. Comme le blabla ne faisait pas le travail auprès des recrus Y, elle est passée de l'exercice traditionnel qui se résume à montrer, pour essayer de démontrer. Concrètement, elle les a laissés aller à leur manière, pour procéder à la sienne de son côté. Envoi d'un communiqué massif aux journalistes, avec méthodes d'envoi et de suivi totalement décousus, selon qui exécutait. Ça prend du guts, il va sans dire.

Les résultats ont parlé. Marie a obtenu une couverture de presse démesurément plus grande et satisfaisante que celle de ses protégés. Sans prononcer de commentaire jouissif à la : "Je vous l'avais bien dit", elle a vu se rallier l'équipe en moins de deux. C'est à ce moment qu'elle est passée de patronne inefficace, à mentor estimée. Pas si arrogants et prétentieux finalement.

Les Y étant issus d'une époque de surabondantes informations, souvent contradictoires, et ayant bénéficié d'une grande valorisation de leur identité et de leur point de vue, ils ont développé un sens aiguisé de la critique et de la prise de position. Ils sont aussi pris d'un certain scepticisme face aux recettes imposées. Alors, peut-être vaut-il mieux leur démontrer que de s'évertuer à leur montrer ?

La citation.
Jenny, une Y, m'a laissé un efficace commentaire suite à ce récent billet : "Je suis Y (...) Je veux être stimulée, je veux apprendre et je veux livrer! Évidemment, je suis souvent frustrée parce que les choses ne bougent pas suffisamment vite pour moi, je stagne et ça me rend complètement folle de faire du surplace. Mon employeur n'accepte pas la critique, parce que je ne veux pas suivre les 50 étapes préalables à l'élaboration d'une critique concernant le mode de gestion des "ressources". Vraiment, il y a des jours où je me demande comment vais-je survivre à toutes ces années de travail si rien ne change (...)"

L'observation.
En vous mettant en contexte, je me ferai plaisir en vous parlant d'une blogueuse américaine que j'ai en très haute estime. Non seulement parce qu'elle est successful, mais aussi parce que Penelope Trunk est très contestée. Je l'estime parce qu'on partage une appréciation des Y et surtout, j'apprends d'elle. Étonnamment, plus encore sur le plan personnel. Et quand je dis personnel, ça inclut même sa vie sexuelle. Cette blogueuse et entrepreneure est atteinte du syndrôme d'Asperger, et elle en parle ouvertement. Trunk m'a ainsi permis, au cours des 18 derniers mois, de faire un voyage au pays de la maladie mentale, à un moment où il était temps que je m'ouvre à cette réalité qui nous entoure. Qui m'entoure.

Tout cela dit, l'observateur à citer est quand même Seth Godin ! J'aime cet auteur pour la finesse de ses observations, sa créativité et ses nombreux projets. Godin le blogueur est d'une efficacité et d'une concision redoutables. Il m'inspire.

Donc, Penelope Trunk fera une conférence web en compagnie de Godin ce jeudi. Ils discuteront du dernier livre Linchpin de ce dernier. Lorsqu'elle lui a demandé de quoi d'autres ils parleraient, la réponse qu'il a rédigé m'a solidement accrochée :

"My take is that [generation Y] is the last one that will be as totally brainwashed by the system, by the schools and by companies and by society to believe that the industrial age (and compliance) is their ticket to the carnival. The smart ones will see that and play a different game, and the sooner they realize how bad the scam is, the faster they'll recover."

Voilà d'où c'est tiré, et si vous désirez vous inscrire à la web conférence, c'est aussi ici.

À vous maintenant de faire parler ces 3 angles de Y comme il vous convient.
Et dites-moi, lequel ou lesquels vous allument ?

21 avril 2010

aspiration vs ambition

Je comptais revenir avec la nouvelle réalité de gestion qui accompagne les Y dès aujourd'hui, et je le ferai après ce détour. Les échanges joufflus que le sujet a invités, m'ont menée à certaines observations qui méritent le partage, je crois. L'une d'elle se résume en deux mots : aspiration vs ambition. Je vous laisse deviner qui de X et qui de Y, se mérite quelle étiquette. Chose certaine, ça peut bien s'opposer dès l'entrée.

Ces mots ne viennent pas de moi, mais de mon ami Philippe avec qui j'ai eu une discussion corsée au sujet des X, des Y, du boulot, etc. Entre deux curves, il m'a partagé son point de vue éclairant, malgré que sombre, sur son parcours professionnel. Ça rejoint dramatiquement les nombreux X que j'ai rencontrés en entrevue au cours des dernières années. Une espèce de pessimisme post-boomer a marqué notre entrée sur le marché du travail. Il s'est vite transformé en cynisme résigné pour un grand nombre. Les plus déterminés, de leur côté, se sont jetés à bras raccourcis dans l'ambition.

Quand l'avenir de l'emploi est déprimant, quand on se fait répéter que tout ce qui était à faire socialement a été fait par nos prédécesseurs, qui en passant, sont pas près de partir, je pense que de se refermer sur soi par défense, ça se peut. Je pense aussi que de se dire je fonce sans trop tenir compte des autres, collègues ou patrons, ça se peut aussi.

Je suis tombée sur une perle radio-canadienne en naviguant sur les internets. C'est de janvier 1986 et on a l'impression que ça vient des années 60. Insérer sourire et soupir ici. En passant, portez attention en début d'entrevue, le sociologue Fernand Dumont nous rassure en nous disant que les ordinateurs à la maison ne sont qu'une passade "comme pour bien d'autres gadgets". Suave. Ça se veut une belle mise en contexte de notre entrée dans le prometteur monde du travail.

Alors, pour ceux qui n'y étaient pas, ou pour ceux qui, comme moi, étaient trop occupés à avoir du fun pour écouter une entrevue radio dont le titre était : Une génération perdue ? On clique ici.

Pas surprenant que certains X roulent des yeux en vous voyant arriver, Y allumés. Vous devez certainement passer pour des jovialistes déconnectés par moment. Vos aspirations encore vierges, votre idéalisme et ces valeurs interplanétaires qui-se-foutent-un-peu-du-comment-le-beurre-se-paiera, croisent une génération qui ne l'a pas eu rose.

Cela dit, je vois de l'espoir. Bien que je me sois beaucoup penchée sur les différences, on sait bien que celles-ci peuvent aussi être source de complément, si on s'attarde. Autrement dit, on peut sûremetn faire en sorte que l'aspiration et l'ambition travaillent de pairs. Et ce se serait drôlement payant. Pour bien du monde. Vous pensez pas ??

14 avril 2010

"Ressources" Humaines

J'ai toujours eu du mal avec le terme "Ressources" Humaines. Et s'il y a un moment dans l'histoire de l'emploi où il me semble inapproprié, voire déplacé, c'est bien avec l'entrée récente de la Génération Y sur le marché du travail.

Il va sans dire que je ne suis pas contre ceux qui se dédient à la gestion administrative et humaine des individus en entreprises, bien au contraire. C'est plutôt de voir que ces spécialistes gèrent des "Ressources" Humaines qui provoque ma réaction allergique. Les Ressources, au sens générique, étant là pour être exploitées et pour répondre aux besoins de ceux qui souhaitent en tirer profit. Ressources naturelles, matérielles, minières, financières. Why not. Humaines ? I don't think so!
L'offre de services que je suis à développer et l'étude de marché que je dois faire pour la rédaction de mon plan d'affaires, m'ont permis de jongler davantage avec ces notions. Je me suis par le fait même, cognée à certains enjeux de communication. Faut bien que les dirigeants sachent de quoi je parle. Et comment le faire sans employer le terme fourre-tout qu'est celui de "Ressources" Humaines ? Ma réponse a été simple et rapide : si jamais ils ne comprennent pas quand je leur parle de gestion de talents, ce dont je doute finalement, je rajouterai une couche d'explications. Je leur parlerai de ce qui m'anime, soit le côté humain et pratique de la gestion. Ainsi que le bien-être de chacun au boulot, patrons et employés confondus.

Les dirigeants de 2010 ne peuvent plus dire Mes employés et encore moins, MES ressources. Les Y n'appartiennent à personne d'autre qu'à eux-mêmes. Ils ne sont pas là pour qu'on exploite leurs compétences ou pour faire grandir l'organisation et ses profits. Ils sont là d'abord pour eux, pour être stimulés, apprendre et livrer. Et ils le feront ici, ou ailleurs. Ainsi détachés, ils se permettent de remettre en question leurs employeurs régulièrement et ne cherchent définitivement pas à élire domicile au bureau.

Comme je vous le mentionnais ici, la gen Y possède beaucoup de points distincts qui ne manquent pas de me charmer. Je me soupçonne d'ailleurs d'être l'une des leurs, née prématurément. Certains de mes ex boss pourraient probablement le confirmer, en collant leurs yeux au plafond.

La manière dont les Y abordent leur vie professionnelle, est certes dérangeante pour plus d'un gestionnaires, X de surcroît. Pourtant, ils ont tout ce qu'il faut pour bien cadrer dans notre industrie si rapide et créative. Peut être que de les connaître un peu mieux, au lieu d'essayer de les changer et les critiquer ? Je vous reviens sous peu avec d'autres éléments les concernant.

D'ici là, quelles sont vos impressions sur les Y en milieu de travail ?
Y, vous répondez aussi, évidemment.